Nocturne pour violon et orchestre

« Le violoniste belge Eugène Ysaÿe (1858-1931), avec ses mélanges impressionnants de poésie et de virtuosité, étant un grand admirateur de la musique de Debussy à ses débuts, qui conduit la première à Paris avec son propre quatuor de cordes en Décembre 1893. En Septembre 1892, Debussy prévoyait une tournée américaine, avec le soutien financier du Prince André Poniatowski, qui devait inclure ses Trois Scènes au Crépuscule « presque terminées », inspirées par la poésie symboliste de son ami Henri de Régnier. Il en fit des « révisions approfondies » en 1893, et même si tout ce qui semble en rester est une série d´esquisses conservées à la Bibliothèque Nationale de France, MS 20632(2), la plupart ont l´air écrites pour violon et orchestre en Mi ou Si majeur. Un autre thème relié, plus virtuose, émergea lors d´une vente parisienne en 2006, et sert d´ouverture à la partie principale du nocturne présenté ici (après une lente introduction). Nous avons également appris d´Ernest Chausson en Avril 1893 que Debussy composait une œuvre pour la première tournée américaine d´ Ysaÿe en 1894-95, qui fut désignée à un moment donné de « concerto ». Puis, alors que Debussy apportait la touche finale à L´après-midi d´un faune en 1894, il dit à Ysaÿe qu´il travaillait à présent sur « trois nocturnes pour violon et orchestre qui te sont destinés », et qui dérivaient sans aucun doute de ses précédentes Scènes au Crépuscule. Le premier était « pour cordes seulement », le deuxième pour trois flûtes, quatre cors, trois trompettes et deux harpes, et le troisième rassemblait tous ces instruments. Il informa également Ysaÿe, peut-être avec ses Trois Nocturnes en tête, qu´ils seraient « des études de peinture grise ». Debussy n´abandonna ce projet qu´en Novembre 1896 après qu´Ysaÿe lui eût dit qu´il ne pourrait pas assurer la première des Nocturnes à Bruxelles « pour des raisons financières ». Mon achèvement se rapproche au plus près du troisième Nocturne prévu par Debussy, qui devait être un rondo avec des épisodes planifiés. La dynamique qui émergea en 2006, composée par Debussy, conduit naturellement au thème du crépuscule en Si majeur pour violoncelle et contrebasses, avec le motif en trois notes haut et obsédant, entendu pour la première fois au début, flottant au-dessus du solo de violon, exactement comme Debussy l´avait imaginé. Les cinq thèmes de Debussy sont harmonisés et leurs longueurs varient entre trois et treize mesures : aucun n´est relié aux Nocturnes pour orchestre de 1897-99. Plutôt que de développer ces thèmes, ils sont présentés dans des arrière-plans harmoniques changeants dans le style contemporain de L´après-midi d´un faune, et toute l´œuvre se concentre sur une expansion qui rejoint les différents aspects des thèmes de « crépuscule » de Debussy dans une nouvelle perspective. »