Apprendre le basson – 20 questions à Anselma Veit

Peut-on apprendre seul à jouer de cet instrument ?

Probablement que oui. L'issue de l'expérience est toutefois incertaine. Ce serait un peu comme le laboratoire de chimie à l'école. On ne sait jamais quand ça va exploser – et si tout sera noir ensuite !

Personnellement, je ne connais personne qui joue bien et qui a tenté cette aventure. Mais qui sait, il y a peut-être quelqu'un ?

Comment choisir une méthode appropriée ?

Ce qui fait plaisir est ce qui fait avancer le plus vite.

Le matériel d'exercice est approprié si l'augmentation de la difficulté correspond bien à son propre rythme d'apprentissage. Le plaisir d'apprendre est maximal lorsque l'apprenant est sollicité, mais que l'enseignant ne tire pas sur la corde.

Lorsque j'ai commencé à enseigner, j'ai remarqué que mes élèves avançaient souvent plus lentement que ne le prévoyaient les cahiers disponibles. – Et même lorsque j'imaginais que c'était le cas en tant que musicien professionnel... (rires)

En raison de ce besoin, j'ai moi-même écrit davantage de morceaux pour le niveau correspondant. J'ai vite remarqué que les élèves apprenaient nettement mieux à long terme et jouaient beaucoup plus volontiers lorsqu'on ne les bousculait pas.

J'ai présenté ces cahiers au public et j'ai vu que de nombreux enseignants avaient fait la même observation que moi : on apprend mieux lentement et régulièrement qu'à toute allure et la langue pendante.

Si un élève n'est pas motivé, c'est là que j'interviendrais. La plupart du temps, le matériel d'exercice actuel est trop exigeant et l'enseignant tire sur la corde, pour ainsi dire. Un sentiment de surmenage se transforme rapidement en manque d'envie.

Or, il est facile de remédier à ce manque d'enthousiasme : il suffit de recourir à des exercices plus faciles !

Si je ne suis pas sûre de ce qui convient, je laisse le jeune bassoniste choisir lui-même. Nous jouons des morceaux similaires pendant le cours et je demande lequel je dois écrire comme devoir à la maison. Les enfants sont volontiers coopératifs. En tant qu'enseignant, il est important de proposer un choix limité. Ainsi, les enfants sont bien guidés, mais ils participent activement aux décisions.

Est-ce possible de travailler sans déranger les autres ?

En essayant d'être soi-même le voisin le plus gentil de tous les temps. Cela a un effet étonnamment positif sur les conditions acoustiques de la maison.

Chaque année, le 1er janvier, nous apportons à nos voisins de nouveaux 'cache-oreilles' sous forme de grandes bouteilles de champagne ainsi que des confiserie. Cela semble bien fonctionner.

Car si, par exception, nous ne faisons pas de musique, les voisins nous demandent dans le couloir si nous sommes malades et si tout va bien.

Quelles sont les différentes techniques de jeu ?

J'ai écrit une pièce pour basson tenu à l'envers. Pour un duo d'adolescents qui s'entraînent peu. (rires)

En outre, nous pouvons produire des sons comme des extraterrestres, que j'aime appeler 'sons grattés', car ils ressemblent un peu à des bruits dans la Voie lactée. La littérature sérieuse parle de 'multiphoniques'. On prend des doigtés réguliers et on les déforme – je veux dire... on les transforme délibérément. (rires)

Les enfants adorent quand nous expérimentons ces techniques de jeu peu orthodoxes et que nous les intégrons dans des morceaux. Dans la bonne mesure et bien introduites, les transformations créatives de la manière de jouer proprement dite sont un complément coloré. Il y a tant de choses à faire avec le basson, par exemple 'regarder à travers le tube' en enlevant le pavillon supérieur au milieu du morceau (en Autriche, nous l'appelons capot parce qu'il ressemble à une toque de cuisinier) et en l'utilisant comme un télescope.

Quand peut-on s'attendre à des premiers succès ?

Des morceaux adaptés aux enfants peuvent être joués après la première heure. Pour que l'audition devienne normale et naturelle, je me mets d'accord avec les élèves pour qu'à la fin de CHAQUE cours, nous jouions un 'concert' aux parents qui viennent nous chercher.

Pour les enfants de quatre ans, cela consiste par exemple à jouer un très long son d'éléphant – ou une ligne avec beaucoup de do. Il est important que je l'annonce : "Nous allons vous jouer un petit concert."Nous présentons notre "chanson", puis il y a des applaudissements et l'enfant salue avec moi.

Je n'ai pas peur de faire jouer en public de tout petits élèves après seulement deux mois de cours. Bien sûr, il faut une préparation et un cadre appropriés pour que l'enfant sache exactement ce qu'il faut faire et comment se comporter le cas échéant. Jouer ensemble est essentiel. En tant qu'enseignant, si vous montez sur scène, tout devient tout de suite moins effrayant.

C'est dans cet esprit que j'ai écrit des morceaux d'audition super faciles, qui ne nécessitent que trois ou quatre notes. Il y a aussi des duos appropriés dans ma méthode de basson et dans le merveilleux cahier Hand in Hand durch's Fagott-Land de mon collègue Gilbert Hirtz.

ET ENSUITE...

Quels morceaux conseillerais-tu pour une première audition ?

La "Lettre à Élise". (rires) – Bon, c'était une blague !

Au basson, il y a peu de tubes connus, mais il y a de jolis petits morceaux si on regarde un peu autour de soi. Pour les tout petits joueurs, il y a le Concerto des puces, pour lequel on n'a besoin que de trois ou quatre notes, un numéro des Tigres convient également, si l'on veut jouer avec un accompagnement de piano.

Il existe de beaux duos faciles de Gilbert Hirtz, qui font le bonheur des débutants et sont parfaits pour les auditions, par exemple Hand in Hand durch's Fagott-Land.

Pour les grands débutants qui ont déjà une certaine maturité ou des connaissances préalables, ou si la première audition n'est prévue qu'au bout de quelques mois ou d'un an, il convient par exemple de choisir Klabauterjazz.

Les jolies pièces de Colombe Arnulf-Kempcke, Pour mon premier concert, ont une touche légèrement romantique, ou pour les apprentis très rapides, quelque chose de la collection Baroque et classique pour minis bassons.

La première œuvre pour basson seul avec orchestre, donc le concerto pour basson le plus facile que je connaisse, est mon Concertino, alias "Grummel-Konzert". Il s'agissait d'une commande de la ville de Vienne pour un orchestre à cordes et un bassoniste soliste débutant

Quels sont les classiques du répertoire et quel est ton morceau favori ?

A l'époque de mon apprentissage, il y avait beaucoup de pièces pour trombone que l'on empruntait au basson. Je me sentais un peu persécutée par celles-ci...

Comme je ne trouvais guère de littérature appropriée pour mes propres élèves, j'ai commencé à écrire moi-même des pièces et à rassembler de belles pièces originales. À mon grand étonnement, certaines d'entre elles sont devenues des classiques.

Par exemple, j'ai écrit quelques Etudes de tango en hommage à Astor Piazzolla. C'était une tentative de combiner le basson avec des sons de tango. La demande pour ces morceaux a été étonnamment grande ! Quelque temps plus tard, j'ai donc écrit un deuxième volume, de sorte qu'il existe désormais 50 études de tango de ce type, qui sont considérées comme des classiques dans certains cercles de basson.

Il y a tellement de morceaux géniaux. Moi-même, pour m'entraîner, j'apprécie les pièces intéressantes pour soliste, par exemple les œuvres de Mathieu Lussier, Marin Marais ou Georg Philipp Telemann.

En ce moment, je m'entraîne sur le Concerto de Jean Françaix. Une œuvre trop peu jouée, pleine d'humour et de virtuosité.